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mardi 22 décembre 2020

2020-11-26 La deuxième ligne du sport oubliée : ça chauffe dans les quartiers

 

Dans une tribune intitulée Le sport des quartiers « au bord du gouffre » reprise par un grand nombre de titres de la presse régionale, plus de 80 sportifs, présidents d’associations et de fédérations, élus maires ou adjoints réclament un « Grenelle de l’éducation et de l’inclusion par le sport » et la création d’un fonds de 50 millions d’euros qui doit garantir la « survie des associations impliquées dans les quartiers ».

Repris également ce week-end par l’équipe « Le SOS des associations sportives de quartier en grande difficulté économique » ,  la tribune dénonce  « la suppression de plusieurs dizaines de milliers d’emplois aidés initiée depuis 2017 » qui « a cassé les dynamiques déjà très fragiles portées par des milliers d’acteurs sur le terrain ».

Oubliés dans les 400 millions d’euros

«  Nous sommes au bord du gouffre »,  «  peu reconnus par les acteurs institutionnels - à l’exception notable des maires qui sont nos interlocuteurs privilégiés sur le terrain, et jamais associés aux prises de décision nous concernant au premier plan ». Ces deuxièmes lignes du sport, ces éducateurs sportifs qui œuvrent dans les territoires difficiles sont des boussoles, des piliers. Ils sont les accompagnateurs d’une jeunesse en manque d’espoir, mais aussi les formateurs de nos plus grands sportifs.
Les signataires constatent que « la rencontre du monde du sport qui annonce 400 millions d’euros cette semaine ne cible pas les territoires les plus en difficulté de notre pays ! Nous souhaiterions être écoutés dans le cadre du plan de relance ».

Et la ministre d’allumer tout de suite un contre feu avec un tweet publié (21/11 18 h 25) quelques heures après l’article dans l’Equipe dans lequel elle annonce plus « 75 M€ qui ont permis de soutenir les acteurs socio-sportifs au plus prés du terrain ». Et quelques minutes plus tard, le fidèle lieutenant, directeur de l’Agence du sport dans un tweet (21/11 18 h 48 ) de préciser que « les quartiers en politique de la ville (QPV) est une priorité : 1800 emplois d’éducateurs (15 M€), 40 M€ pour soutenir les associations sportives de terrain en QPV et 20 M€ dans la rénovation des équipements ».  Bataille de chiffres à venir d’autant que les signataires réclament immédiatement 50 M€ « pour assurer la survie des associations sportives dans les quartiers. »

Les JO en ligne de mire

« Dans le cadre de l’héritage des Jeux Olympiques et Paralympiques de 2024, il avait été annoncé la création de milliers d’emplois pour les jeunes, mais à ce jour aucun projet concret n’est pourtant mis en route ! » poursuive les signataires.
Pire des manifestations anti JO commencent à s’organiser. Une trentaine de collectifs citoyens de Seine-Saint-Denis ont manifesté mardi après-midi pour protester contre plusieurs projets immobiliers prévus dans le département pour les Jeux olympiques de 2024. 

-> A lire : La mobilisation anti-JO 2024 descend dans la rue (sur le site de Libération)
 

Comment effectivement imaginer réussir les jeux sans les quartiers ? Mais plus globalement sans une politique d’éducation par le sport ? Là encore, quel est le cap ? Quelle est la vision ? Quel est le projet ?

Lancement du Grenelle de l’éducation et de l’inclusion par le sport à Garges-Lès-Gonesse

Pour y répondre, le maire de Garges-Lès-Gonesse a proposé l’organisation du Grenelle de l’éducation et de l’inclusion par le sport, le 1er février prochain dans sa ville, suite à la réunion consacrée à la situation dans les quartiers à Matignon le 23 novembre dernier, lors de laquelle le Premier ministre a reçu neuf maires. « J’ai alerté le Premier Ministre sur l’état de nos clubs, qui ont un rôle majeur d’accompagnement pour nos jeunes et, plus largement, d’orientation des publics. Ces clubs sont aujourd’hui au bord du gouffre et souffrent de difficultés majeures pour obtenir des soutiens financiers. J’ai donc proposé que ma ville, Garges-Lès-Gonesse, accueille le Grenelle de l’éducation et de l’inclusion par le sport. A Garges, comme dans d’autres villes populaires, nous avons choisi de mettre le sport au cœur de notre politique de vivre ensemble, d’insertion et d’éducation pour la jeunesse. Il est crucial de recréer du lien et une relation de confiance avec les acteurs du sport. »

Le Maire de Garges-Lès-Gonesse a appelé l’ensemble des élus locaux, financeurs d’une grande partie du sport, acteurs associatifs, éducateurs sportifs, grands champions français, entreprises, parlementaires, l’ensemble des ministères concernés (Travail, PME, Jeunesse, Sports, Éducation, Politique de la ville, Justice), ainsi que le COJO, à participer à la co-construction de ce Grenelle de l’éducation et de l’insertion par le sport. L’objectif majeur sera de tracer une nouvelle ambition pour le sport dans les quartiers populaires, à la hauteur de l’engagement phénoménal de ces acteurs essentiels qui œuvrent pour nos territoires a-t-il indiqué dans un communiqué.

2020-11-17 Ce que j’attends d’une ministre des Sports : le cas de la natation

 

Madame la ministre déléguée aux Sports est intervenue la semaine dernière dans 2 webinaires sur les piscines.  Elle a invité les acteurs du sport à faire des propositions. C’est l’objet de cette contribution.

S’il est effectivement important que le ministère se préoccupe de la mise en place des protocoles sanitaires dans les piscines, j’en attends plus. Ce que j’attends d’une ministre c’est de porter une vision, de fixer un cap, de définir des grandes orientations politiques.

En matière de natation quelle est votre politique Madame la ministre ?

Il y a bien eu la conférence de consensus sur l’aisance aquatique mais vous en conviendrez ça ne constitue qu’une brique d’une politique publique et surtout un outil opérationnel. Quant au financement par l’Agence « des projets intégrant un bassin d’apprentissage », là encore, c’est un moyen pas une orientation.

Une  politique publique se construit sur 4 niveaux :

  • le niveau politique : relève de la décision des élus et consiste à définir des grandes orientations politiques au regard de valeurs personnelles ou collectives dans un contexte déterminé ;
  • le niveau stratégique : c’est la définition des programmes d’actions par rapport aux objectifs stratégiques. C’est le niveau d’identification des enjeux (la mise en relation des plans d’actions par rapport aux orientations – en gris dans le schéma). Les objectifs proches constituent une orientation politique ;
  • le niveau tactique : consiste à définir le mode de gestion le plus pertinent, les outils à mettre en place ;
  • le niveau opérationnel : le niveau des actions à réaliser, des outils à mettre en œuvre.

Tout ce que je lis aujourd’hui relève du niveau opérationnel ou au mieux du niveau tactique…

Pour être concret, car bien sûr tout ceci nécessite un travail plus approfondi à partir d’un diagnostic partagé plus précis que le nôtre et surtout une démarche concertée avec les acteurs du sport, voici ce que pourrait être une politique publique du savoir nager en France.

A propos du diagnostic le constat est le suivant :

  • il n’existe aucune statistique sur le savoir nager en France. Pire on ne connaît pas le nombre d’enfants qui bénéficient d’un enseignement et pas plus, pour ceux qui en bénéficient, le nombre de séances ;
  • on ne connaît pas les raisons pour lesquelles certains enfants n’apprennent pas à nager à l’école. Déficit de m2 de plan d’eau, problème de transport, motivation des enseignants, déficit d’encadrement….  Au sujet de l’offre en m2 de plan d’eau on rappellera que selon un rapport de l’IG de 2014, il y avait 1600000 m2 de plan d’eau en France. Si on considère que la moitié de cette offre est couverte, on est à 800 000 m2 de plan d’eau. Sachant qu’il y a 4,2 millions d’élèves à l’école élémentaire, un rapide calcul montre que pour réaliser 2 cycles de 10 à 11 séances il faut 246 000 m2 de plan d’eau et 4 cycles 481 000 m2 de plan d’eau soit pratiquement la moitié de l’offre. Moralité il serait temps de mener un véritable diagnostic d’autant plus que, selon le même rapport, le CNDS a consacré sur 8 ans 126 M€ aux piscines sans aucune évaluation de l’impact sur le savoir nager !  Une politique qui coûte selon nos calculs 1 milliard par an à la collectivité publique dans son ensemble.

Revenons à ce que pourrait être une politique publique du savoir nager !

4 orientations politiques :

1 - Rendre les activités aquatiques accessibles à tous,

2 - Prévenir les noyades,

3 - Apprendre à nager, 

4 - Soutenir le développement des activités pour la santé.

 

11 objectifs :

  • prévenir les noyades,
  • apprendre à nager,
  • favoriser la pratique physique,
  • faciliter le maillage du territoire,
  • clarifier le savoir nager du « être à l’aise dans l’eau »,
  • rendre plus efficace et plus efficient l’apprentissage de la natation,
  • faciliter l’encadrement des séances d’activités,
  • être plus efficaces dans les  apprentissages en matière de savoir nager,
  • être plus efficace dans la prévention des noyades,
  • mieux cibler les efforts collectifs,
  • sensibiliser aux effets bénéfiques de la natation.

 

4 programmes d’actions :

  • Soutien à la construction de bassins de natation,
  • Modification de la réglementation et des formations,
  • Réorganisation de l’apprentissage de la natation et renouvellement  des méthodes d’enseignement (didactique et pédagogie),
  • Mise en place de dispositifs d’observation et d’outils de communication.

 

 

10 plans d’actions

Chaque programme comprend plusieurs plans d’action :

  • Soutien à la construction de bassin de natation :
    • 1 – définition d’une politique de soutien à la construction d’équipements sportifs dans le cadre de l’agence nationale du sport  (Etat, CT, FFN, délégataires) ;
    • 2 - innovation avec la création d’une nouvelle génération de bassin de proximité faible profondeur ;

 

  • Modification de la réglementation et des formations :
    • 3 - redéfinition des objectifs du savoir nager et création d’un test « je suis à l’aise dans l’eau » ;
    • 4 - simplification du cadre réglementaire de la surveillance et de l’encadrement des activités aquatiques ;
    • 5 – évolution du dispositif de formation / certification ;
    • 6 - Simplification de la procédure POSS ;

 

  • Réorganisation de l’apprentissage de la natation et renouvellement  des méthodes d’enseignement (didactique et pédagogie) :
    • 7 - Mise en place d’une nouvelle organisation à l’école  en faveur du  savoir nager et du « je suis à l’aise dans l’eau » ;
    • 8 - Diffusion d’une méthode pédagogique simple et efficace ;

 

  • Mise en place de dispositifs d’observation et d’outils de communication :
    • 9 - Mise en place d’une campagne de communication ;
    • 10 – création d’un baromètre national.

 

Pour illustrer la déclinaison d’un plan d’action prenons le plan d’action numéro 1. Il va de soit que la politique de soutien à la construction d’équipements sportifs doit être traitée au niveau de l’Agence nationale du sport, mais c’est aussi le cas pour la plupart des plans d’actions.

Comme le précise le préambule des statuts de l’Agence « chaque membre s’engage à mobiliser, en faveur de ce projet commun et d’intérêt général, sa capacité d’influence et d’intervention pour entraîner ses adhérents et ses réseaux dans la mise en œuvre de ce nouveau modèle. »

Considérons que l’apprentissage de la natation est une politique publique et que « cette action s’inscrit dans le cadre de la stratégie définie par l'Etat dans une convention d'objectifs conclue entre l'Agence et l'Etat. » comme le prévoit l’article 3 des statuts de l’Agence.

Chaque acteur en débat au sein de ses instances pour savoir comment se positionner et mobiliser son réseau au service de cette politique.

Au final on pourrait avoir cette configuration dans laquelle l’Agence finance les bassins d’apprentissage, les régions se mobilisent pour les financements des équipements structurants (les bassins de compétition),  les départements financent le fonctionnement des lignes d’eau avec un financement des collèges à la ligne d’eau voire, dans certains cas, le financement de l’investissement.  Le bloc communal assurera le financement complémentaire et  maîtrise d’ouvrage des piscines. Quant aux privés, certains d’ailleurs sont prêts à franchir le pas pour construire des bassins d’apprentissage privés, sous réserve d’un achat de créneaux par les collectivités locales pour les scolaires.

Voilà ce qui devrait figurer dans une délibération de l’Agence qui fonctionne comme un GIP. Sur les territoires ce dispositif serait bien évidemment débattu au sein des conférences régionales, les modalités de financement seraient arrêtées par les financeurs. La répartition des interventions entre les différents niveaux servirait la mise œuvre non redondante d’une politique publique de la natation.

On pourrait décliner ainsi tous les plans d’actions. Mais est-ce bien nécessaire ?

Cette politique publique permettrait d’initier le mouvement de ce que vous appelez de vos vœux avec l’ANS pour une nouvelle gouvernance, sur un projet qui rassemble, qui pourrait être évalué chaque année, sur lequel il serait simple de communiquer et qui marquerait votre passage au ministère.

Voilà Madame la ministre ce qu’on attend de vous et pas uniquement sur la natation. Fixer le cap, donner du sens.

2020-11-10 Du déconfinement au reconfinement : les 6 mois qui ont marqué l’explosion du modèle sportif français

 

Il y a 6 mois jour pour jour,  je publiais un édito Quel sport en 2030 2 scénarios post covid-19 ?  Le scénario de l’implosion-explosion et celui de la raison

J’écrivais « c’est la capacité des acteurs à s’organiser pendant cette période cruciale qui déterminera les scénarios de sortie de crise ». 6 mois après, le constat est terrible.  Les acteurs n’ont pas anticipé la seconde vague de la crise sanitaire et donc ils la subissent de plein fouet.

On aurait pu imaginer pendant l’été qu’un travail collectif soit conduit sous l’égide de l’Agence nationale du sport, c’est pour ça qu’elle a été créée ! C’est clairement indiqué dans ses statuts : « un modèle partenarial entre l’Etat, le mouvement sportif, les collectivités territoriales et leurs groupements et les acteurs du monde économique, dans le cadre d’une profonde évolution du modèle sportif français, dans le respect du rôle de chacun ».

Mais non rien. Aucune vision, aucune stratégie, aucune anticipation.

Un ministère des Sports à la ramasse

Côté ministère des Sports, on  ne reviendra pas sur les multiples couacs liés à la publication des guides inapplicables pour la pratique post confinement, sur des annonces de la Ministre contredites le lendemain par le Premier ministre...  On ne peut que constater un manque d’anticipation qu’il s’agisse de la préparation du déconfinement ou de celle du reconfinement.

« Le sport n’est pas la priorité du gouvernement »,  avait annoncé la ministre des Sports dès la mi-avril. Prémonitoire !

Cet avis était  partagé par les Français puisque 58 % d’entre eux souhaitent que le sport garde la même place dans la société post covid.  Seuls 14 % souhaitent que le sport ait une place plus importante, 28 % qu’elle le soit moins.

-> A lire : Un sondage qui plante le plan de relance dans le sport ?

On a compris que le ministère des Sports n’avait pas la main. Qu’il s’agisse de peser sur la pratique sportive ou les finances, c’est Bercy et le ministère de la Santé qui tiennent les rênes.

La crise sanitaire n’a certes  pas favorisée le positionnement de la Ministre, mais on pouvait imaginer un Ministère qui se projette, qui donne envie et propose de l’espoir et pas uniquement à travers les JO. Hélas nous restons au stade des nécessaires aménagements à la crise, de la gestion du quotidien et encore, bref dans l’opérationnel. Quid d’une vision stratégique pour après ? Quid d’une réflexion sur des scénarios comme nous essayons de le faire ? Quid du débat ? Nous craignons que le Ministère se contente d’un rôle de super-technicien : un peu juste pour faire face aux éléments et tenter de les dominer... un jour.

La supplique du mouvement sportif

Face à ce manque de considération, un appel aux dons a lancé avec l’opération « Soutiens ton club ». Appel aux dons relayé il faut le signaler par l’ensemble des acteurs du sport (ministère des Sports, Fondation du Sport Français, Comité National Olympique et Sportif Français, Comité Paralympique et Sportif Français, Agence Nationale du sport et les associations représentant les collectivités locales (AMF, ANDES, Association de départements de France, région de France, France urbaine).

On avait indiqué à l’époque que « le montant des dons sera certainement un bon indicateur du poids des clubs sportifs dans le cœur des Français ».  Le résultat est là : une mobilisation très faible avec seulement 1 million de dons au bout de 6 mois. Une opération qui rappelle celle de la pétition du mouvement sportif pour peser sur le budget du sport #leSportCompte qui avait fait un flop. Un boulet que le mouvement sportif traîne depuis le début de mandat.

« Désemparé »  le mouvement sportif en a appelé au président Macron et a lancé un SOS le 26 octobre : rien ne va plus pour le mouvement sportif. Et pour appuyer sa démonstration il  a mis en place une enquête nationale pour évaluer les conséquences liées à la crise sanitaire, que ce soit sur les licences, l'activité régulière ou les ressources des clubs.

-> A lire : Pour convaincre Bercy, le CNOSF lance une enquête auprès des clubs

Les clubs ou les fédés en danger ?

Etait-il plus judicieux de commencer par l’enquête pour en tirer les conséquences et ensuite en appeler au président de la République ? Nous le pensons. D’autant plus qu’une étude récente du même comité olympique, le modèle économique des clubs sportifs fédérés, démontrait que la moitié des clubs étaient en difficulté avant le covid et que seulement 12 % étaient des clubs employeurs. Difficile dans ce contexte de convaincre Bercy, d’autant plus que les clubs bénéficient des mesures de droit commun. Nous pensons que les fédérations sont plus en danger que les clubs. En effet, grâce au bénévolat les clubs se montreront résilients. Plus compliqué pour les fédérations avec un niveau de charges fixes important…

Le sport pro en quasi burn-out

En permettant aux clubs pros de poursuivre le championnat en jouant à huis clos, le gouvernement a-t-il précipité le sport professionnel vers la crise ? C’est paradoxal mais c’est la réalité. D’ailleurs ce choix a-t-il était concerté et étudié ? Impossible pour le foot de se mettre à la faute vis-à-vis de Médiapro. La messe était dite ! Show must go on...

La réalité c’est qu’en permettant la continuité du sport professionnel, le Ministère prive les clubs d’un éventuel chômage partiel. En l’absence de recettes liées au matchs, cette situation est intenable pour certaines disciplines celles les moins subventionnées et les moins  concernées par les droits TV : le basket et le rubgy en particulier. C’est dans ce contexte que le gouvernement a demandé l’autorisation à la Commission européenne de créer un fonds d’aide au sport professionnel pour atténuer les conséquences du huis clos.

Mais ces 6 mois ont exacerbé toutes les tensions possibles et imaginables. Tensions entre les dirigeants des clubs de foot par rapport aux calendriers. Seul le retrait annoncé de Médiapro leur a permis de trouver un bouc émissaire commun. Tensions entre la ligue nationale de rugby et la fédération qui ont eu carrément recours à l’avis du Conseil d’Etat. Incapacité pour les disciplines de sport de salles de porter  un message commun.

La gouvernance du sport sur les territoires : une usine à gaz sans gaz…

Quant aux collectivités territoriales, leur cohésion a explosé dès la remise du rapport  « Gouvernance du sport ». Incapable de tenir une position commune, souhaitant que chaque niveau de collectivités territoriales ait une place d’honneur au sein de la conférence régionale du sport et au sein de la conférence des financeurs, leurs représentants ont passé plus de temps à discuter de la représentation de chaque niveau de collectivités plutôt que du rôle des conférences. Les expérimentations annoncées n’ont jamais été conduites, la mission Dirx Dussot très critique n’a pas remis son rapport au premier ministre qui a lui même présidé à cette usine à gaz en tant qu’ancien président de l’agence.

Résultat personne ne sait comment va fonctionner cette gouvernance.

… un CNDS territorial bis avec 10 fois moins de moyens qui coûtera 10 fois plus cher 

« Ces conférences seront donc à minima les ex-commissions du CNDS en format néanmoins rénové avec toutes les strates de collectivités, les représentants du monde économique et avec pour ambition de lier un diagnostic de fond sur les besoins de développement du sport dans le territoire avec la répartition des crédits territorialisés de l’Agence » déclare Frédéric Sanaur dans une interview à paraître dans le prochain dossier d’Acteurs du Sport.

Et voilà ! On y est. Tout ça pour ça ! Quand on sait qu’il est envisagé une conférence des financeurs par département, on mesure le coût de cette usine à gaz alors que contrairement au CNDS, les fédérations ont mis la main sur les subventions aux clubs qui étaient avant distribuées par les commissions territoriales du CNDS. Un comble.

Le combat du secteur privé

Pas épargné par la crise, le secteur privé du sport a tenté de convaincre. Et pourtant, tous les protocoles ont été respectés, aucun cluster n’a été  déclaré dans les salles de sport.  Une tribune dans le JDD signée par Zidane, Diagana, n’y a rien fait.  Alors qu’un consensus est clair sur le fait que l’activité physique permet de développer l’immunité. En vain.

« Le sport n’est qu’un mot »

Durant les 6 mois « Chaque acteur a joué sa propre partition » (première phrase pour décrire le scénario de l’implosion-explosion). Mais sincèrement, je ne pensais pas que ça irait aussi vite. Finalement la révolution annoncée par L Flessel a laissé place à l’implosion du modèle sportif français. Peut-on parler encore d’un modèle ? Non. Comme le disait Pierre Bourdieu à propos de la jeunesse[1],  ces 6 mois ont démontré « Le sport n’est qu’un mot »

Les acteurs du sport peuvent-ils se rassembler en vue de 2024 pour pouvoir encore croire dans un modèle sportif, porter une vision commune faire du sport un bien commun ? (cf le rapport sur la gouvernance du sport). Ce sera l’objet de notre prochain édito.



[1] Entretien avec Anne-Marie Métailié paru dans Les jeunes et le premier emploi, Association des Âges, 1978