Rechercher dans ce blog

samedi 7 novembre 2020

2020-09-22 Gouvernance territoriale du sport : les collectivités sous tutelle ? Les élus l'ont-ils bien compris ?

 

Le projet de décret relatif aux conférences régionales du sport et aux conférences des financeurs du sport va être une nouvelle fois examiné au Conseil d’État vendredi puis publié.  Nous avons eu accès à la dernière version du décret qui sera présenté en Conseil d’État et le moins que l’on puisse dire c’est qu’une explication de texte s’impose.

En effet si au niveau de l’Agence nationale du sport l’État n’a plus la main sur les budgets affectés au développement de la pratique sportive (aujourd’hui apportés uniquement par l’État) en n’ayant que 30 % des votes, le décret prévoit que sur les territoires les collectivités sont minoritaires pour voter les budgets affectés aux politiques sportives territoriales.  Budgets apportés principalement par les collectivités. L’Etat est sous tutelle au niveau de l’Agence nationale du sport, les collectivités sont sous tutelle au niveau des territoires. En arbitres, le mouvement sportif et le monde économique. Ça promet !

Visiblement il y a une incompréhension de taille, peut être entretenue par l’Agence nationale qui peut laisser penser que toute cette usine à gaz a été mise en place sur les territoires pour que les acteurs se répartissent l’argent de l’Agence nationale du sport (ou ce qu’il en reste). En réalité c’est tout le financement public et associatif du sport qui sera discuté et voté par les conférences régionales et conférences des financeurs. Un financement apporté principalement par les collectivités.

2 vainqueurs, 1 perdant, 1 spectateur

L’État sort vainqueur de cette nouvelle gouvernance en étant à la manœuvre sur les territoires. D’ailleurs les agents de l’État seront-ils  suffisamment nombreux pour assurer la conduite des projets sportifs territoriaux ?
Le mouvement sportif est également gagnant en ayant récupéré l’ex-part territoriale du CNDS gérée aujourd’hui par les fédérations.

Le perdant, les collectivités qui ne pourront plus décider librement du financement accordé aux politiques sportives !

Quant au monde économique pour l'instant il assiste au spectacle. 

Si notre lecture s’avérait erronée  et qu’au final toute cette usine à gaz ne vise qu’à décider de la répartition des fonds de l’Agence sur les territoires, ce ne serait qu’un moindre mal mais franchement tout ça pour ça !  Si notre lecture s’avérait exacte il faudra que les élus qui siègent au sein de l’Agence nationale du sport expliquent comment on a pu en arriver là ! En tout cas ça mérite une précision…  

Explication de texte.

La conférence régionale du sport c’est

- 1 délégué territorial de l’Agence : le préfet de région. « Le préfet est le délégué territorial de l’agence. L’Agence nationale du sport participe aux travaux de la conférence régionale selon les modalités déterminées par son délégué territorial. »

- 1 secrétariat assuré l’État : le secrétariat est assuré par le service de l’État chargé de la politique publique du sport. Il peut être mutualisé avec les services de l’institution dont est issu le président de la conférence.

- 1 présidence : la présidence est élue parmi 4 collèges. Les 4 collèges délibèrent à la majorité simple des présents : État (30 %), mouvement sportif (30 %), collectivités territoriales (30 %), autres personnes physiques et morales intéressées par le développement du sport et des organisations professionnelles représentatives des acteurs du monde économique (10 %).

La conférence régionale du sport élabore et adopte un projet sportif territorial…

Le  projet sportif territorial concerne « 8 domaines »
1° Le développement du sport pour toutes et tous sur l'ensemble du territoire ;
2° Le développement du sport de haut niveau ;
3° Le développement du sport professionnel ;
4° La construction et l'entretien d'équipements sportifs structurants ;
5° La réduction des inégalités d'accès aux activités physiques et sportives ;
6° Le développement des APS adaptées aux personnes en situation de handicap ;
7° La prévention de et la lutte contre toutes formes de violences et de discriminations
8° La promotion de l'engagement et du bénévolat dans le cadre des activités physiques et sportives.

Le projet sportif territorial est construit en 3 étapes :
- Un bilan de l’offre sportive existante sur le territoire régional ;
- Un programme comportant les mesures et les actions à mettre en œuvre au regard notamment des objectifs ;
- Les modalités de suivi du programme d’action.

… qui donne lieu à des contrats pluriannuels d'orientation et de financement

« Le projet sportif territorial donne lieu à la conclusion de contrats pluriannuels d'orientation et de financement qui précisent les actions que les membres des conférences des financeurs du sport s'engagent à conduire ainsi que les ressources humaines et financières et les moyens matériels qui leur seront consacrés, dans la limite des budgets annuellement votés par chacun de ces membres. » prévoit l’article L 112-14 du code du sport.

L’agence est à la manœuvre

On relève que globalement le financement pour chaque domaine est apporté par les collectivités territoriales. Mais c’est l’État qui est à la manœuvre en assurant le secrétariat de la conférence régionale du sport et l’Agence qui dirige la manœuvre puisque le décret prévoit que « l’Agence nationale du sport participe aux travaux de la conférence régionale selon les modalités déterminées par son délégué territorial. »


La ou les conférence(s) des financeurs instituée(s) par la conférence régionale 

Une conférence est créée pour le ressort territorial ou pour les domaines dont elle traite. Ainsi le choix est donné :
- soit de créer des conférences au niveau inter départemental, au niveau départemental ou au niveau métropolitain,
- Soit par domaine en référence aux 8 domaines ci-dessus.

Une conférence présidée par les collectivités. Le décret prévoit que « lors de sa première réunion, chaque conférence des financeurs élit, en son sein, à la majorité simple des membres présents, un président, sur proposition du collège des collectivités territoriales. »

4 collèges :
- État : 7 membres ou plus si plusieurs Creps
- Collectivités territoriales : région : 1 ; département 1 par chaque département du périmètre géographique (4 à 13 département par région selon les régions) ;  commune 3 ; CC et CA : 1 par métropole, 1 par communauté urbaine (soit 2 à 4 selon les régions)
- Mouvement sportif : 6 membres
- autres personnes physiques et morales intéressées par le développement du sport et des organisations professionnelles représentatives des acteurs du monde économique : 6 membres

Les collectivités minoritaires en voix mais très largement financeurs

Quelle que soit l’hypothèse retenue, les collectivités qui financent en grande majorité les 8 domaines précités ne sont pas majoritaires dans la conférence des financeurs. L’Agence nationale du sport participe aux travaux de la conférence des financeurs du sport selon les modalités déterminées par son délégué territorial.

La mission de la conférence des financeurs : « conclure les contrats pluriannuels d’orientation et de financement ».

La conférence des financeurs doit :
1° Définir les seuils de financement à partir desquels elle examine les projets
d’investissement et les projets de fonctionnement qui lui sont soumis pour examen et avis ;
2° Emettre un avis relatif à la conformité de chaque projet qui lui est soumis aux orientations définies par le projet sportif territorial ;

A noter que pour ces 2 premiers points les délibérations sont prises à la majorité absolue des membres présents.

3° Identifier les ressources humaines et financières et les moyens matériels que les
membres de la conférence lui indiquent être susceptibles d’être mobilisés, dans la limite des
budgets annuels, en vue d’un contrat d’orientation et de financement.

2020-07-07 Le sport dans l’acte II du quinquennat Macron : un casting de rêve !

 

Difficile de faire mieux en terme d’affichage politique pour servir le sport que ce nouveau gouvernement.  Un premier ministre qui vient de passer ses 3 dernières années à la tête de la DIJOP (Délégation interministérielle aux jeux Olympiques et Paralympiques) et qui est président de l’Agence nationale du sport depuis sa création. Une forte personnalité dont le talent est loué par tous les acteurs du sport. Un ministre de l’Éducation nationale de la jeunesse et des sports. Peut-on rêver mieux que de voir accoler le Sport au même rang que l’Éducation nationale et en symbiose avec la Jeunesse ? Et en plus un ministère délégué totalement consacré au sport.

La semaine dernière nous faisions le constat dans notre édito que « Nous avons connu une ministre qui souhaitait être à l’avant de la caravane du Tour de France sans forcément connaître le tracé de l’épreuve mais qui avait l’intuition qu’il fallait faire bouger les lignes puis une autre qui se reconnaît plus dans le maillot jaune au cœur de la course voulant tout contrôler sans coéquipiers à ses côtés et surtout avec un sponsor défaillant…  Nous attendions une ministre dans la voiture du directeur de course, nous avons un ministère qui espère encore une victoire d’étape... »

-> A lire : Le sport dans l’acte I du quinquennat Macron : un coup d’épée dans l’eau ?

Pour reprendre cette métaphore du Tour de France, on a maintenant un leader à l’avant de la caravane avec tous les sponsors  derrière lui. Dans la voiture rouge le ministre qui trace la route, donne le tempo et dicte les étapes. Et notre ministère délégué, maillot jaune au sein du peloton qui fait le job. Il ne manque plus que le nouveau ou la nouvelle DIJOP et président.e de l’Agence nationale du sport pour avoir un casting de rêve.

Le rattachement au ministère de l’Éducation nationale : une volonté de Roxana Maracineanu

Certains y voient une forme de rétrogradation, une descente en ligue 2 (Régis Juanico), un mauvais signal à l’approche des jeux, « la poursuite du démantèlement » (Patrick Kanner), « un affaiblissement du rôle du ministère des Sports » (Marie-Goerges Buffet).

La lecture de l’Équipe nous apprend que c’est la ministre elle-même qui a souhaité ce rapprochement.  « Depuis plusieurs mois, explique-t-on du côté de l'Élysée, elle portait le souhait que cette collaboration renforcée se concrétise dans l'organisation gouvernementale. De tout temps, les ministres ont essayé d'être plus présents dans le processus éducatif, or c'est difficile. Elle a fait cette demande auprès de Jean-Michel Blanquer qui l'a trouvée bonne. »  

Une aubaine pour le président du CNOSF, Denis Masseglia, qui considère que « C’est un énorme changement, qui aura des conséquences multiples, ne serait-ce que par la considération que l’on peut avoir vis-à-vis de l’emploi. Désormais, les employés au sens des collaborateurs, des cadres qui sont ceux du ministère, vont être rattachés à l’Éducation. On va ainsi avoir beaucoup plus de possibilités, de capacité, d‘importance sociétale. »

L’éducation au ministère, le haut niveau à l’agence et le développement du sport dans les territoires… 

En tout cas, ça clarifie le rôle attendu du ministère pour la fin du mandat. 

Un ministère des Sports dont l’action est réorientée vers sa mission éducative auprès de jeunes. Le savoir nager, le savoir rouler, le dispositif 2S 2C en partenariat avec le mouvement sportif, mais aussi des actions renforcées avec pour ligne de mire Paris 2024 pourront se pérenniser. Pourquoi pas une ambitieuse « simplification des deux services publics de la formation aux métiers du sport (la formation délivrée par le ministère des Sports et celles délivrées par l’Éducation Nationale, les formations STAPS) dans un objectif d’efficacité et de lisibilité des offres de formation » comme le prévoit le programme sport du candidat Macron

Une Agence du sport dont l’action est principalement orientée vers le haut niveau et l’accompagnement des fédérations. Il convient de signaler que pour accompagner le HN, 100 postes vont être transféré du ministère des Sports (directions régionales et départementales) vers les CREPS.

Quant au développement du sport, il dépend de beaucoup de paramètres et en particulier le décret relatif à la gouvernance du sport sur les territoires, du report ou pas des élections régionales mais peu de chance que le dispositif ait un réel impact avant 2024. Dommage. A moins que le débat sur la décentralisation du sport soit relancé, nous le souhaitons.

Finalement c’est le scénario AP 22 qui s’est imposé, déjà les auteurs du rapport s’interrogeaient sur « l’opportunité du maintien d’un ministère de plein exercice. »  Une décision qu’on avait déjà largement anticipé dans nos précédentes publications :

- Pendant le confinement, retour sur la gouvernance du sport - Épisode 3 : Une décision tumultueuse par Patrick Bayeux  

Gouvernance du sport sur les territoires : une usine à gaz qui inquiète ! 

Ce remaniement ministériel a au moins le mérite de faire apparaître une forme de cohérence dans la politique publique du feu ministère des Sports. Cette clarification liée au rattachement à l’Éducation nationale donnera certes de la souplesse pour la gestion des ressources humaines, mais pour ne pas apparaître comme un effet de manche, nous resterons attentifs aux moyens financiers qui vont désormais accompagner ce nouvel élan tant attendu.

2020-06-30 Le sport dans l’acte I du quinquennat Macron : un coup d’épée dans l’eau ?

 

Alors qu’un remaniement se profile que peut on retenir des 3 premières années de la présidence d’Emmanuel Macron dans le domaine du sport ? Pas grand chose en réalité.

 

Laura Flessel aura fait voté la loi Olympique et lancé le chantier gouvernance du sport. On lui doit la large concertation avec tous les acteurs. Terminé au cours de l’été 2018 le rapport sur la nouvelle gouvernance du sport a  été finalement remis le 16 octobre 2018 à Roxana Maracineanu  (http://www.sports.gouv.fr/accueil-du-site/actualites/article/Rapport-Nouvelle-Gouvernance-du-sport   ) nommée suite à la demission de l’ancienne escrimeuse début septembre 2018.

 

Au cours de l’été 2018 la situation s’est largement dégradée avec une baisse significative du budget du ministère des sports qui a conduit la mouvement sportif à lancer une pétition «  le sport compte ». Pétition sans effet.  C’est aussi à cette période que le sort des cadres techniques avait été arrété.  (https://www.europe1.fr/sport/ministere-des-sports-qui-sont-ces-conseillers-techniques-sportifs-3752225)  la crise des cadres techniques a donné lieu à une mission de médiation de Yann Cucherat et de  haut Alain Resplandy-Bernard haut fonctionnaire. Depuis rien, aucune annonce aucune décision.

 

Le bilan du ministère des sports se conjugue au futur !

 

Dans une interview donnée à l’équipe avant hier dont le titre est « on sait maintenant que les choses vont changer »   https://www.lequipe.fr/Tous-sports/Actualites/Roxana-maracineanu-on-sait-maintenant-que-des-choses-vont-changer/1148020    la ministre annonçait l’ »arrivée sur le bureau du Premier ministre dans les deux semaines » d’une proposition de loi. Une loi qui devait être présentée par L Flessel début 2019 ! une loi « sport et société » visant à encourager la pratique pour tous et partout, tout au long de la vie. A la question « que voudriez-vous qu'on retienne de votre action en tant que ministre des Sports ? »  La ministre a peu de chose à mettre en avant.

« Tout ce que j'ai engagé sur la partie éthique et intégrité, protection des sportifs. Ce lien qu'on va réussir, grâce à l'agence nationale du sport, à créer plus fort avec les sportifs, les territoires, le monde de l'entreprise. Le fait que cette gouvernance partagée puisse se mettre en oeuvre sur les territoires via les régions»

Pour la partie éthique intégrité on partage pour la partie agence nationale du sport  et en particulier sur les territoires c’est aujourd’hui un véritable échec. 2 ans après la fin des travaux sur la gouvernance aucune avancée significative pour les acteurs du sport alors qu’un formidable espoir était né avec cette dynamique et le projet olympique en perspective.

On pourrait pointer également les faux pas pendant la crise du Covid 19, les annonces à contre temps, un plan de relance finalement repoussé en septembre  ou encore cette prestation devant les sénateurs sur la lutte contre la radicalisation où « Le ministère des Sports se montre-il trop « laxiste » ? Ou est-il dans le « déni », pour citer les représentants de la commission sénatoriale ? «   Lien vers l’article  de la gazette des communes Lutte contre la radicalisation : le ministère des sports pointé du doigt.

 

Même la prévention des noyades et le développement de l’aisance aquatique programme phare sur lequel beaucoup personnes se sont mobilisée n’a pas eu l’echo escompté.

 

Compliqué le sport dans l’acte I du quinquennat Macron entre une ministre qui souhaitait être à l’avant de la caravane du Tour de France sans forcément connaître le tracés de l’épreuve mais qui avait l’intuition qu’il fallait faire bouger les lignes et une autre qui se reconnaît plus dans le maillot jaune au cœur de la course à vouloir  tout contrôler  les équipes et leurs acteurs …  Pour l’acte II il faudrait une / un ministre qui soit dans la voiture rouge ! qui donne la vision, qui trace la course, qui fasse confiance aux acteurs.

 

Mais faut il un ministère des sports ?

 

Pour Denis Masseglia c’est non. Le président du CNOSF lors de l'Assemblée générale du Comité lundi, a clairement affirmé que la place du  ministère des Sports est sous la tutelle de celui de l'Éducation nationale. https://www.lequipe.fr/Tous-sports/Actualites/Roxana-maracineanu-on-sait-maintenant-que-des-choses-vont-changer/1148020 

Attendons de voir !